L’achat d’un bateau constitue un investissement important, et pourrait donc être réservé qu’à une catégorie de personnes particulièrement fortunées. Mais le nautisme étant une activité dans laquelle la passion l’emporte parfois sur la raison, de plus en plus de plaisanciers souhaitent acquérir un bateau. Plusieurs modes de financement s’offrent à eux et leur permettent ainsi de réaliser leur projet. Toutefois, il convient de bien étudier lesdits modes et d’évaluer les frais connexes (entretien, assurance, place de port, ...).
Quel est mon budget achat et entretien ?
Pour éviter toute surprise désagréable, l’acquisition d’un bateau ne doit pas se faire sur un coup de tête : pour réaliser un tel projet avec succès, celui-ci doit s’effectuer à l’issue d’un investissement mûrement réfléchi, après une sérieuse analyse des différents critères de choix et en toute connaissance du secteur. Les principaux éléments à prendre en compte sont les coûts d’achat, d’entretien, et les divers frais annuels.
Le budget achat
Le coût d’achat d’un navire varie en fonction de plusieurs critères tels que sa longueur, la puissance de ses moteurs, son équipement... Il est bien sûr important de choisir en fonction de l’utilisation que vous souhaitez en faire. Si vous voulez par exemple goûter ponctuellement aux joies de la croisière côtière, il ne serait pas raisonnable d’acquérir un très grand voilier. Dans le même ordre d’idées, les bateaux d’occasion offrent des opportunités intéressantes lorsque l’on dispose d’un budget réduit.
Pour ceux qui souhaitent acheter un bateau moteur neuf de moins de 10 mètres, les premiers prix démarrent autour de 20 000 euros. Du côté des voiliers il faut prévoir un budget d’au moins 100 000 euros pour une unité neuve d’au moins 10 mètres. Précisons que ces fourchettes de prix ne sont fournies qu’à titre indicatif.
Avant de procéder à l’achat, il convient de bien étudier certains éléments. Tout d’abord, assurez-vous que le bateau appartienne vraiment au vendeur et que ce dernier soit en possession de tous les documents indispensables à commencer par le titre de propriété (Acte de Francisation, titre de navigation ou carte de circulation). Vérifiez ensuite qu’il n’existe pas de charges et d’impayés, les plus courants étant la location de la place au port, le crédit non remboursé et l’assurance.
Gardez en mémoire que tous les navires doivent être immatriculés, c’est-à-dire qu’ils doivent disposer d’un numéro d’identification. L’immatriculation est obligatoire (et ce que le bateau soit neuf ou d’occasion). Elle peut être réalisée par le vendeur ou l’acheteur. De même, assurez-vous de la présence du marquage réglementaire « CE » sur le bateau (il s’agit du Certificat de Conformité européenne).
Notons que toutes les embarcations de plaisance utilisées en Europe sont soumises à la TVA. Pensez donc à toujours avoir le justificatif de paiement de la TVA, telle la facture d’achat acquittée, en votre possession lors de vos navigations.
Tout savoir sur la documentation bateau
Le budget entretien
En plus du prix du bateau, il faut également prévoir un budget pour son entretien et les coûts liés aux améliorations ou réparations. Il n’est bien sûr pas possible d’anticiper avec précision les frais d’entretien annuels d’un navire, car ceux-ci varient en fonction de l’état d’origine, selon que vous l’avez acquis neuf ou d’occasion, selon qu’il s’agisse d’un bateau à moteur, inboard ou hors-bord, d’un voilier monocoque ou multicoque, de sa longueur bien entendu et enfin de votre programme de navigation, pouvant aller de la ballade à la journée au tour du monde en passant par la régate ou le cabotage côtier.
Afin que vous ayez une meilleure idée du budget à prévoir, voici à titre d’exemples l’entretien que peut nécessiter un bateau :
- réviser le moteur : vidanges, changement des filtres, des courroies, turbine de pompe à eau…;
- entretenir la climatisation ou le déshumidificateur ;
- réviser ou remplacer les équipements de sécurité (gilets de sauvetage, canots de sauvetage, ...) ;
- réviser l’électronique ;
- changer les drisses, les écoutes des voiles et les amarres, le gréement dormant… ;
- entretenir, laver, réparer, remplacer, ajouter des voiles,
- remplacer les anodes, surveiller les batteries;
- entretenir les aménagements
- nettoyer la coque et appliquer un nouvel antifouling
- s’abonner aux applications et logiciels de navigation, renouveler les documents obligatoires.
N’oubliez surtout pas d’inclure l’assurance dans votre budget. Ici, vous aurez le choix entre une assurance tous risques ou une assurance aux tiers. En fonction du contrat sur lequel se portera votre choix, vous bénéficierez d’un nombre plus ou moins important de couvertures.
Des frais additionnels sont aussi à prévoir, notamment pour l’amarrage, le carburant, l’hivernage, le stockage, ... Lesdits frais sont susceptibles de varier en fonction de votre port d’attache et plus encore de votre programme de navigation.
Le prêt bancaire
De tous les modes de financement proposés pour l’achat d’un bateau, le prêt bancaire (ou prêt bateau) est le plus courant. Il peut être souscrit auprès d’un établissement de crédit, un assureur ou une banque, et séduit pour ses nombreux avantages. Il permet ainsi aux plaisanciers d’acquérir le navire de leurs rêves, contre le paiement de mensualités.
Le prêt bancaire propose plusieurs avantages :
- le remboursement est échelonné et flexible : la banque calcule les mensualités en fonction des moyens de l’emprunteur. Si la situation financière de ce dernier venait à changer, la banque pourrait revoir ses conditions de remboursement ;
- certaines banques financent la totalité du prix du navire.
Bien qu’il semble très intéressant au premier abord, le prêt bancaire a aussi des inconvénients :
- les formalités peuvent être contraignantes. Il est nécessaire de fournir un grand nombre de documents pour constituer son dossier de demande, parmi lesquels l’avis d’imposition, les bulletins de salaire, etc. ;
- la durée de traitement de la demande peut varier d’un établissement à un autre et peut être parfois longue : la banque doit en effet étudier le dossier de l’emprunteur, ceci afin de savoir s’il remplit toutes les conditions ou non ;
- le prêt bancaire peut avoir un coût élevé, tout dépend des taux d’intérêt en vigueur, mais ils sont dans tous les cas plus proche de ceux, élevés, pratiqués pour un crédit à la consommation que ceux appliqués pour un achat immobilier.
- le banquier peut demander un apport personnel ou sera certainement amené à exiger des garanties, telles qu’une hypothèque.
La LOA (location avec option d'achat) spécifique au nautisme
Aussi appelée leasing, la location avec option d’achat spécifique au nautisme permet à un plaisancier d’avoir un bateau à sa disposition, contre le paiement d’un loyer chaque mois. Au terme du contrat de location, le plaisancier a la possibilité de lever l’option d’achat et d’acquérir ainsi définitivement le navire ou de le rendre au propriétaire (il s’agit le plus souvent d’un établissement de crédit, un assureur ou une banque).
Pour acheter un navire, nombreux sont les plaisanciers qui privilégient la LOA. Ce mode de financement est d’ailleurs connu pour dynamiser le marché des embarcations neuves.
La location avec option d’achat comporte un certain nombre de conditions :
- Lors de la signature du contrat, la banque et le plaisancier déterminent la durée de location. Celle-ci s’étend généralement de 2 à 10 ans ;
- C’est au plaisancier que revient la charge de payer les frais d’entretien du bateau, et ce même s’il n’en est que locataire ;
- La longueur du bateau doit être d’au minimum 6,50 mètres;
- Le navire doit avoir été acheté auprès d’une société européenne ;
- Les principaux avantages de la LOA bateau sont :
- la LOA permet de bénéficier d’une TVA à 0% sur les loyers, dès lors que l’on peut prouver mensuellement, que le bateau navigue hors des eaux européennes ;
- des taux d’intérêt attractifs : étant donné que la banque récupère la totalité de la TVA sur le coût d’achat du navire en LOA (soit 20 %), elle est en mesure de proposer des taux d’intérêt intéressants;
- la LOA est rechargeable et transmissible ;
- le navire n’entre pas dans le patrimoine du plaisancier, et ce tout au long de la durée du contrat, ce qui est fiscalement plus léger.
La multipropriété
Étant donné qu’ils n’utilisent le bateau que de façon occasionnelle, certains plaisanciers se tournent vers la multipropriété (ou copropriété). Cette solution est intéressante dans la mesure où elle permet de partager le prix initial du bateau et les divers coûts annuels qui lui sont liés (l’entretien, l’assurance, l’amarrage, le carburant, ...). Elle se présente donc comme la meilleure occasion de devenir propriétaire d’un navire, tout cela sans se ruiner.
Tout comme la LOA, la multipropriété bateau comporte également des conditions. Ces dernières sont mentionnées dans un contrat et définissent la part et les obligations de chaque copropriétaire. Elles englobent notamment les éléments suivants :
- les zones de navigation autorisées ;
- les périodes de navigation de chaque copropriétaire ;
- le choix d’une compagnie d’assurance et d’une société chargée de l’entretien du bateau ;
- le partage des différents frais et charges liés au bateau ;
- la possibilité ou non de proposer le navire en location ;
- le partage des revenus éventuels de la location.
- pour la réalisation du contrat, il est préférable de faire appel aux services d’une entreprise spécialisée dans le domaine.
La multipropriété concerne les bateaux à moteur comme les voiliers, et se présente comme une nouvelle façon de penser son rapport au navire. Son principal avantage se trouve dans la mutualisation des coûts, les copropriétaires se partagent les frais d’assurance, d’hivernage, de réparation, d’entretien, de la place au port... Une solution idéal donc pour faire des économies intéressantes.
La multipropriété permet de varier les zones de navigation et d’éviter les allers-retours fastidieux : si vous êtes l’unique propriétaire du navire, vous serez obligé de revenir au port de départ après toute croisière, et vous naviguerez donc le plus souvent dans les mêmes zones. Dans le cadre d’un achat en multipropriété, vous pourrez discuter avec l’un de vos associés et récupérer le navire dans le port où il l’aura laissé après son utilisation. Cela vous permettra ainsi de varier vos destinations de croisière et de découvrir ainsi de nouveaux horizons.
Bien que la multipropriété soit une solution de financement attractive, elle peut présenter aussi quelques inconvénients. Des désaccords sont susceptibles de survenir entre les copropriétaires, notamment sur le temps d’utilisation du navire. Certaines périodes de l’année étant plus propices à la navigation que d’autres, chacun voudrait en profiter. Chaque propriétaire a la possibilité d’exercer son droit de retrait à tout moment et revendre ses parts à un tiers, ce qui peut bien évidemment pénaliser les autres.